Entre Emmanuel Macron et les jeux vidéo, une histoire ambiguë


Emmanuel Macron joue au jeu vidéo de course « Trackmania » à côté d’Adrien Nougaret, alias ZeratoR, lors d’une rencontre avec des représentants de l’e-sport français à l’Elysée, à Paris, le 3 juin 2022.

A défaut d’être un joueur, Emmanuel Macron cherche à créer des ponts avec les jeux vidéo. En moins de deux mois, le président de la République vient de publier deux déclarations de soutien aux acteurs de cette industrie, ainsi qu’à leur public. « Le secteur des jeux vidéo, c’est des milliers d’emplois : six cents studios dans notre pays, des écoles remarquables (…), des vocations, c’est aussi une culture, une partie de la culture française », peut-on l’entendre dire dans la dernière déclaration en date, une courte vidéo diffusée sur les réseaux sociaux (TikTok, Instagram et Twitch), dimanche 5 novembre.

Il y annonce notamment l’octroi de son « haut patronage » au projet de musée du jeu vidéo porté par le vidéaste et entrepreneur Benoît Theveny, plus connu sous le pseudonyme de Tev. Il mentionne aussi le salon Paris Games Week, un événement organisé par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), qui se terminait le même jour et qui a rassemblé plus de 180 000 personnes, selon ses organisateurs.

La brièveté du message contrebalance la longueur du précédent sur le sujet, publié le 16 septembre sur X (ex-Twitter). Au risque d’épuiser le lecteur, l’Elysée a cherché à n’oublier aucune facette d’un secteur complexe : Emmanuel Macron s’y enthousiasme pour « un divertissement, un spectacle » et y loue aussi bien le « terrain d’expérimentation artistique » que « la pratique compétitive qui s’apparente à un sport » ou les « lieux de partage » que le jeu vidéo offre aux joueurs. Il souligne les « opportunités pour l’emploi et l’avenir » que représente la plus grosse industrie culturelle en France : 5,5 milliards d’euros de bénéfice en 2022, selon le SELL.

Mais la déclaration était surtout un mea culpa du président. « J’ai fait bondir les gamers », reconnaît-il au début du message. Le 30 juin, lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel M., Emmanuel Macron avait déclaré que « certains [jeunes vivaient] dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués ». L’antienne consistant à voir un lien de cause à effet entre jeux vidéo et actes de violence réels n’a pas manqué de faire réagir les millions de joueurs français et les professionnels. En l’utilisant, ce jeune président – né cinq ans après Pong, le premier grand succès du jeu vidéo – semblait avoir une génération de retard.

Une prédilection pour l’e-sport

La sortie a d’autant plus surpris que le chef de l’Etat a, depuis quelques années, noué une relation avec le monde de l’e-sport et ses streameurs. Le jeu vidéo compétitif ne représente qu’une petite part du secteur du jeu vidéo : il rassemble 11,8 millions d’adeptes en 2022, selon France Esport, contre 39 millions de joueurs en France, selon le SELL. Mais il occupe une grande partie de la communication présidentielle sur le sujet.

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Catégorie article Jeux

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